Le voyage d’un chocolat équitable

Le chocolat est peut-être l’aliment qui fait le plus saliver. Mais en plus de la douceur pour le palais, de ses bienfaits pour la santé, il est aussi apprécié pour sa manne financière. A la Maison rurale de Kutzenhausen, la Boutique du monde invitait dimanche 14 avril à découvrir ce qui se cache sous les tablettes, et aussi sous les tablettes de chocolat équitable. Voici un petit compte-rendu de la conférence.

La filière conventionnelle du cacao, ce sont six millions de producteurs, dont des enfants, qui travaillent dans des conditions difficiles. Couvrant huit millions d’ha, la culture du cacao est la 4ème cause de déforestation au monde, derrière l’élevage bovin, la production d’huile de palme et la culture du soja. Notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, les principaux pays producteurs. Six multinationales se partagent 85% de ce marché de 4.5 millions de tonnes et plus de 500 millions de consommateurs, avec un chiffre d’affaire annuel de quelque 70 milliards d’euros. Il y a de quoi être gourmand. Surtout que, sur le prix d’une plaquette de chocolat à 2-€, le producteur perçoit 10 centimes, alors que les grandes entreprises qui gèrent la transformation et la commercialisation touchent 1,70€.

Est-ce là une fatalité ? Non, un autre cacao est possible. C’est celui que propose le commerce équitable. Celui que l‘on trouve depuis 25 ans à la Boutique du monde (pour un commerce équitable) à Haguenau. Celui que produit, par exemple, la coopérative El Ceibo, en Bolivie. Ce groupement de 49 coopératives avec quelque 1300 producteurs gère toute la filière, de la production du cacao à la commercialisation du chocolat.

El Ceibo signifie l’arbre « qui ne meurt jamais » car il a la faculté de repousser. Un arbre choisi comme symbole de la force collective des membres qui appliquent au quotidien les principes coopératifs « entraide, responsabilité, démocratie, égalité, équité et solidarité ». Ces principes rejoignent ceux du commerce équitable qui replace l’humain au cœur de l’économie. Il s’engage ainsi à garantir la dignité et le respect des droits humain. Pour construire un monde plus juste et durable, il garantit aux producteurs des prix stables et rémunérateurs pour vivre dignement de leur travail et adopter des modes de production respectueux de leur environnement.

El Ceibo est un bel exemple de développement équitable et agro-écologique. En 1997, à sa création, les producteurs étaient rémunérés 3 pesos boliviens par quintal. Grâce au soutien de toute la chaîne équitable, ils gagnent aujourd’hui quelque 1000 pesos pour la même quantité. Et la coopérative a progressivement réussi à conquérir son autonomie. Elle écoule aujourd’hui 80% de sa production sur le marché local. Par ailleurs de nombreux projets sociaux sont nés : micro-crédit, fonds de pension pour les producteurs, programmes éducatifs, radio communautaire…

Le commerce équitable, c’est le respect de l’homme, mais aussi le respect de la nature. Ainsi, chez El Ceibo la culture des cacaoyers s’inscrit dans un système agroforestier harmonieux : ils poussent aux côtes d’arbres fruitiers tels que des bananiers, des citronniers ou des plantes médicinales. Ce système agroforestier représente une garantie pour notre planète et les générations à venir.

Voilà la saveur supplémentaire apportée au chocolat par un commerce équitable qui paye un prix juste, préfinance ses commandes et s’engage dans un partenariat transparent, respectueux et durable.

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